"Une ruche est en tout point semblable à une nation miniature; il n'y manque ni gardes-frontières ni inspecteurs de douanes. Augusta savait reconnaître une sentinelle à sa posture autoritaire. Bien en appui sur ses quatre pattes arrière, pattes avant et antennes dressées, elle inspecte avec minutie toute butineuse qui franchit la minuscule entrée de la ruche. Les gardiennes sont capables de différencier, à l'odeur et au comportement, leurs sœurs des abeilles des colonies voisines. Chaque colonie a ses propres coutumes; des abeilles de races différentes possèdent même des variantes dialectales de leur langage dansé universel. Le plus souvent, les abeilles provenant d'autres colonies sont simplement plaquées au mur et dissuadées d'entrer par les sentinelles qui bloquent de leur corps l'entrée de la ruche. Si c' est une guêpe qui tente de s'introduire, les sentinelles se mettent à chatoyer: elles vont et viennent en vibrant très rapidement pour intimider l'étrangère. Si l'envahisseur est une fourmi, elles battent des ailes en lui présentant leur postérieur et lui décrochent des ruades. La menace provient-elle d'une souris ou d'une mouffette, voire d'un humain, les abeilles volent avec agressivité autour de l'ennemi, se posent sur lui pour lui tirer poils ou cheveux, enfin tente de le mordre- bref, font tout leur possible pour ne pas en venir à piquer, puisque la piqûre signifie la mort de la sentinelle"
Extrait du livre Une recette pour les abeilles
de Gail Anderson-Dargatz
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