lundi 7 novembre 2016

LA PEAU

LA PEAU, LE TOUCHER
‘L’être au monde est un être sous la peau. Avant de naître, j’ai vécu sous la peau de ma mère et dans cette autre peau qu’est l’enveloppe placentaire. On peut bien vivre sans yeux, mais pas sans peau. La peau me définit, me délimite, me détermine. D’où cette délicieuse question impossible posée par François Dagognet : la peau, est-ce le dehors du corps ou le dedans du corps ? L’étymologie ne tranche pas : le tégument est ce qui recouvre, mais le derme (du grec derein, dépouiller), c’est ce qui découvre. La peau, donc, abrite et expose. Elle est, pourrions-nous dire, ce qui du dedans est déjà du dehors … Dans la peau, au fond, le monde s’imprime et le sentiment s’exprime. Les Anciens disaient bien que la peau est la messagère de l’âme, porte-parole, porte de la parole. Elle dit notre inscription dans la vie, la manière dont notre intériorité s’expose à l’altérité.
Etienne Gruillot – Petites chroniques de la Vie comme elle va

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