QUATRIÈME JOUR DE CONFINEMENT : SE TAIRE AVEC LES GENS QU’ON AIME.
Bien sûr, il y a le téléphone. Bien sûr, il y a le tête-à-tête en vidéo. Bien sûr, je reçois la voix et l’image grâce aux techniques qui assurent un contact à distance. Fort heureusement, je ne suis pas, tel un homme du XVIIIe siècle, condamné à écrire une lettre que la poste à cheval acheminera en une semaine, et dont la réponse m’arrivera une semaine plus tard. Je profite de la communication instantanée.
Mais le son et l’écran ne m’offrent pas mon interlocuteur tout entier, ils le réduisent à un ersatz bidimensionnel et métallique. Un corps est bien davantage qu’une image. La vidéo nous prive de la présence, de la chair, de sa chaleur, de ses vibrations.
Durant ce confinement, ce que me manque, ce n’est pas de parler, mais de me taire avec quelqu’un que j’aime. Laisser palpiter l’émotion entre nous. Permettre aux derniers mots d’occuper pleinement le silence. Partager le moment sans discourir. Toucher une main, une joue. Respirer le même air. Entendre battre nos cœurs dans ce lieu sur la Terre.
Avec mes proches, je le goûte, ce miracle précieux de la rencontre. Et je le goûterai encore mieux, avec le souvenir du manque et la volupté de l’instant, quand le cercle des proches s’élargira de nouveau.
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