" -Tu penses mal Jun! m'avoua Shomintsu un jour en soupirant. D'abord, parce que tu penses trop. Ensuite parce que tu ne penses pas assez.
-Je ne comprends pas: tu dis blanc et noir ensemble.
- Tu penses trop car tu interposes de la pensée entre le monde et toi; tu bavardes plutôt que tu n'observes; tu projettes des idées préconçues davantage que tu ne saisis les phénomènes. Au lieu de regarder la réalité telle qu'elle se présente, tu la vois à travers les lunettes teintées que tu te poses sur le nez; évidemment, derrière des verres bleus, l'univers est bleu; derrière des jaunes, le jaune domine; derrière des rouges, l'écarlate tue les autres couleurs...C'est toi qui appauvris ta perception parce que tu n'y vois que ce que tu y mets: tes préjugés. Rappelle-toi, lors du premier match de sumo auquel tu as assisté, le temps qu'il t'a fallu pour passer du mépris à l'admiration.!
-Bon, d'accord, je pense trop. Dès lors, comment peux-tu affirmer que je ne pense pas assez?
- Tu ne penses pas assez car tu colportes, tu répètes, tu ressasses des lieux communs, des opinions vulgaires que tu prends pour des vérités, faute de les analyser. Un perroquet prisonnier dans une cage à préjugés. Tu penses trop et pas assez parce que tu penses pas par toi-même.
- Merci. Je ne m'appréciais guère mais avec ce genre de critiques, ça ne risque pas de s'arranger.
-Mon cher Jun, je ne souhaite pas que tu aies une meilleure ou une pire opinion de toi, je souhaite que tu cesses de ruminer sur toi. Que tu te délivres de toi."
lu et aimé dans "le sumo qui ne pouvait pas grossir " d'Eric-Emmanuel Schmitt
Merci Sophie
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