Texte repris sur le Facebook de Sophie Lepetit
"- Grand-mère, que faire quand on est désespéré ?
- Coudre, mon enfant. A la main, lentement, en te baignant dans chaque vague créée avec tes doigts. - La couture fait fuir le désespoir ? - Non. La couture le décore. Tu le regardes en face, ce désespoir. Tu l'ajustes. Tu le traverses. Et tu vas plus loin. - C'est vraiment si puissant de coudre à la main ? - Bien sûr, ma chérie. Les gens ne cousent plus et c'est là leur désespoir. Les tailleurs savent qu'avec une aiguille et du fil, on peut faire face à n'importe quelle situation et même la transfigurer en un merveilleux chef-d'œuvre. Bouger tes mains, c'est ébranler ton âme de manière féconde. En te laissant emporter par le rythme répétitif du raccommodage et de la broderie, tu entres dans un véritable état méditatif. Tu peux y atteindre d'autres mondes. Et en toi, l'enchevêtrement de fils émotionnels s'attendrit. Sans rien faire d'autre... - Qu'est-ce qu'on apprend en cousant ? - A faire face à chaque point. Et c'est tout. Sans réfléchir au point suivant. Tu te concentres sur le point présent. C'est ce qui nous échappe dans la vie de tous les jours. Nous sommes désespérés parce que nous pensons toujours à l'avenir. Et ce faisant, la broderie devient incohérente, imprécise, négligée. - Oui, mais grand-mère... comment surmonter ses soucis et ses craintes en cousant ? - Mon enfant, il n'y a rien à vaincre. Accueille et entend. En cousant la toile de la vie de tes propres mains, tu confectionnes la robe qui te convient. En cousant, tu te connectes à ce fil très fin qui appartient à toute l'humanité et à ses mystères. En cousant, tu te transformes en une araignée qui tisse sa toile, en silence, racontant au monde tous les secrets de la vie. En tissant les fils, tu tisses tes pensées, tes émotions. Et tu te connectes au divin qui est en toi et qui tient le début du fil dans sa main." - Elena Bernabé -
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