pour les dates de stages, veuillez consulter le site

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STAGE CUISINE

STAGE CUISINE

Le jardin d'Hélène vous invite à remettre au goût du jour
les connaissances ancestrales des plantes sauvages,
sous la forme de stage de 1 à 7 jours, d'ateliers culinaires,
de conférences et de sorties nature.

Pour tous renseignements n'hésitez pas à me contacter au 03 23 60 24 34,

ou par mail
jardinhelene@orange.fr

jeudi 30 mars 2023




 Où est la logique dans ma démarche. Suis je un passeur de rêve ? Un Témoin impuissant ?

Je mémorise des instants sur des disques durs pour que mon cerveau n’oublie rien. La technologie au service de mon amnésie. Grain de pixel dans une nature numérisée…
Les appareils photos que j’utilise sont fait de métaux précieux qu’on arrache à la terre pour ne lui laisser que scarifications. Quelle contradiction.
J’ai fait tant de rencontre et pourtant je suis parfois si seul tant je ne comprend plus le monde. Le temps d’une vie ou plutôt d’un fragment de vie, loin des hommes, j’ai vu l’invisible et entendu le silence. L humanité est si bruyante quand certains oiseaux ne chante que quelques semaines par an.
Monde à sens unique où j’essaye d’avancer à contre sens, dans leur pas. Ceux des « sauvages » . Les mis de côté de notre monde civilisé. Eux qui sont restés libres, loin de nos sociétés protectrices mais aussi castratrices.
J’ai le Syndrome de Stockholm, otage de nos sociétés de consommation mais finalement complice.
Parfois mes pleurs raisonnent dans les grands espaces et sont l’écho de mes solitudes.
Mes erreurs me suivent comme une ombre, la nuit m’en délivre avant que la rosée du matin n’en dessine à nouveaux les contours.
Si le silence est d’or comment trouver les mots justes ?
Des mots pour soigner mes maux, des rencontres qui raisonnent en moi.
Témoin privilégié du plus beau des spectacles qui disparait sous mes yeux.
On s’efforce de laisser une trace que le temps effacera le temps de quelques générations, pourtant tout n’est qu’éphémère comme un instant photographié.
Et puis un jour on referme un livre comme si tout cela n’avait jamais existé.

Adrien Fabre

mercredi 29 mars 2023




 Le secret de la forêt

Si certains ne croient que ce qu’ils voient alors croyez moi juste une seule fois.
Si certains n’écoutent que ce qu’ils entendent alors tendez l’oreille un peu plus et prenez le temps d’écouter réellement.
Si vous pensez avoir tout vu alors ouvrez plus grand les yeux et regardez une nouvelle fois car quelque part, caché dans le creux d' un arbre se joue un spectacle d’un autre temps : celui d’une nature « libre et sauvage ».

mardi 28 mars 2023

Le regard bleu

   



 Enfant, j’habitais une petite ville de bord de mer, où j’ai grandi bercé par le son des vagues.

 

     Lors d’un atelier de poterie à l’école, j’avais réalisé une étoile comme d’autres enfants de ma classe. Noël approchait et c’était une forme de circonstance. L’atelier se renouvela et chaque élève a émaillé sa création que la potière nous ramena une fois cuite. J’étais très fier de ma création. Elle était assez originale. Mon étoile n’a pas retenu l’attention de la maîtresse qui préféra d’autres créations pour décorer la classe. Des étoiles dorées, des créations aux formes assez bien définies. Mon étoile, il est vrai, avait une forme assez approximative, et j’avais choisi de lui donner les couleurs de l’arc en ciel. Cela ne semblait pas trouver une place harmonieuse dans l’exposition artistique des créations d’élèves pour le Noël de l’école. Seules les plus belles créations avaient été retenues.

 

     Je rentrais chez moi avec mon étoile à la forme approximative et aux couleurs arc en ciel.

Mes parents avaient acheté pour notre sapin de Noël une étoile brillante qui trônait en haut du petit arbre dans son pot. Les décorations étaient brillantes et mises en valeurs par des guirlandes aux couleurs éclatantes. Je trouvais que mon étoile n’était pas assez belle pour ce sapin. Je ne la montrais même pas à mes parents de peur qu’ils critiquent ma petite œuvre.

 

     Le lendemain, je n’avais pas école, et j’allais à pied au gymnase pour la séance de basketball destinée aux enfants.

     Je marchais, avec mon étoile à la main, ne sachant pas trop ce que j’allais en faire. Personne ne sembla remarquer l’objet et j’arrivais à proximité du gymnase. Un homme m’interpella alors que j’étais presque arrivé. A côté de la salle de sport, un homme étrange habitait une maison ordinaire. C’était un ami de la famille, un plongeur. On racontait toutes sortes d’histoires à son sujet. Mes parents disaient de lui qu’il avait le regard bleu. C’était assez normal, pour l’enfant que j’étais, un plongeur qui avait le regard bleu. C’était en accord avec la mer bleue, le ciel bleu, son environnement quotidien.

 

Il m’interpella au sujet de mon étoile.

- Quelle belle étoile que voilà, me lança-t-il avec un large sourire.

- Ah bon ? répliquai-je me demandant comment mon étoile approximative pouvait bien plaire à quelqu’un. Je la regardais sans grande conviction.

- Où l’as-tu pêchée cette étoile ?

- Mais je ne l’ai pas pêchée, c’est une poterie. Elle est ratée prononçais-je la voix emplie de déception.

- Tu crois ?

Il se rapprocha et dit tout en regardant l’objet de plus près.

- On dirait une vraie. On dirait une étoile de mer. Une étoile arc en ciel. Tu sais, elles sont très rares. Si rares que personne ne les connait. Et toi tu les connais, les étoiles de mer arc en ciel.

- Non, je ne savais pas que ça existait, répondis-je un peu penaud.

- Ecoute, c’est une très belle poterie. Tu peux être fier. Tu allais en faire quoi ?

- Je pensais la jeter quelque part.

- Je te propose de me la laisser jusqu’à la semaine prochaine, et tu me diras ensuite ce que tu veux en faire.

 

     Je lui laissais donc et allais à ma séance de basket ball, puis je rentrais chez moi.

La semaine suivante, je reprenais le même trajet et quand je passais près de la maison du plongeur, il y avait à l’extérieur un filet de pêche où étaient accrochés différents objets, dont ma poterie.

 

- Elle te plait ?

Il me fit sursauter. Absorbé par le filet, je ne l’avais pas remarqué à l’entrée de sa maison.

Je répondis par l’affirmative.

- Tu veux la récupérer ? me demanda-t-il en allant vers le filet pour la détacher.

- Non, elle est bien là. Je sens qu’elle est bien là. Elle se sent bien sur le filet, avec les autres objets.

Il me dit d’une voix douce appuyée d’un sourire complice :

- Oui, elle est bien là. Je le sens aussi. Elle est belle. Merveilleusement belle. J’aurais aimé en trouver une aussi belle au fond de la mer. Mais en y réfléchissant bien, au fond de la mer, je ne l’aurais peut-être pas ramassée, car c’est spécial de ramasser une étoile de mer. Je suis heureux de voir celle-là en poterie accrochée à mon filet. Tu sais, il faut un cœur particulier pour voir les étoiles arc en ciel. Il faut avoir le regard bleu parait-il.

 

     Je le regardais dans les yeux et je remarquais, alors qu’il me le disait, que ses yeux étaient marrons. Je lui fis remarquer.

- Oui, c’est pas les yeux qui sont bleus, c’est le regard. C’est derrière les yeux. Ça ne se voit pas. Ça permet de voir plus profond. Ce n’est pas un regard de surface. C’est un regard qui plonge au-dedans. La mer, le ciel, les humains… c’est tout pareil. Derrière la surface, sous la surface, il y a la profondeur. C’est grâce à mon regard bleu que j’ai pu reconnaitre la qualité de ta poterie, que j’ai pu reconnaître une étoile arc en ciel. Je sens que tu l’as faite avec joie, avec le cœur.

 

     Je ne comprenais pas tout de ce qu’il disait. Surtout que je l’avais faite avec mes mains cette étoile. Je ne pensais pas qu’on puisse faire de la poterie ou quoique ce soit avec son cœur, vu qu’il est sous la peau.

     Son regard était doux et bienveillant. Il émanait quelque chose de particulier de son être.

J’ai grandi avec cette histoire dans le cœur.

 

     Nous avons tous eu un juge extérieur qui a jugé ce que nous faisions. Un parent, un professeur, un chef de service…Nous avons aussi appris à nous juger et à juger autrui. Si nous regardons bien, nous avons aussi rencontré des anges sur notre route. Des êtres au regard bleu. Qui ont su voir notre être, qui ont su regarder au-delà de la surface.

 

     Ce plongeur s’appelle Greg. Dans ses yeux, il n’y a pas de différences entre l’enfant que j’ai été et l’adulte que je suis.

 

     Dans mes moments de doutes, je me remémore Greg et d’autres êtres qui ont su par leur présence, par leur regard, par leurs mots, leurs gestes ou leurs silences, m’encourager à aimer la vie. Et bien souvent, je ne leur ai pas dit. Pas témoigné.

 

     Finalement, il se peut que le meilleur témoignage que nous puissions faire au sujet des êtres qui nous ont inspiré, c’est de rayonner à notre tour. De laisser émerger le meilleur de nous même. Un meilleur au-delà de ce que nous pensons être. Un meilleur qui jaillit quand nous nous autorisons à briller. A laisser la lumière intérieure nous guider. La lumière de la grande joie.

 

   Même si nous n’avons pas de retours, pas de grands témoignages ou de grandes effusions, cela est reçu. En laissant briller la lumière à travers nos actes, nos paroles, nos pensées, nous aidons d’autres êtres à accueillir leur étoile arc en ciel.

 

   Puisse cet écrit être le fruit d’un mûrissement. Le mûrissement d’un ciel si profond, d’une mer si soutenante, que mon regard s’est empli de bleu.

 

à Greg, Stéphane