LE COQUELICOT

"Diéterich a prétendu que les fleurs du coquelicot contenaient de la morphine: il s'agirait, d'après Hesse, d'un alcaloïde, la rhaeadine, totalement différent de cette substance.
Celse prescrivait comme calmant des pilules d'extrait de coquelicot et de raisin sec: le sirop préparé avec les fleurs passait pour les médecins de la Renaissance pour un spécifique de la pleurésie et Chomel en prescrivait l'infusion comme un "sudorifique plus efficace que le sang de bouc, la fiente de mule et les autres qu'on vante tant". Malgré ces éloges, le coquelicot ne tarda pas à être relégué parmi les béchiques adoucissants, humiliante retraite pour un simple titulaire de tant de glorieux états de service: quelle déchéance, après avoir inspiré en grec, en latin, en français, la louange des savants, de finir entre la pâte guimauve et l'insignifiant pied-de-chat, pauvre roi détrôné réduit à jouer le rôle du comparse dans la plus démocratique des tisanes!
Extrait du précis de phytothérapie d'Henri Leclerc